Télétravail et handicaps : recueil de principes pour un environnement profitable et inclusif
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La crise sanitaire s'est accompagnée d'une large diffusion du travail à distance. Un nouveau mode de fonctionnement porteur de nombreuses opportunités mais qui pose néanmoins des questions de prise en compte des besoins spécifiques, notamment pour les personnes en situation de handicap. Comment favoriser un télétravail profitable et inclusif ? L’Ansa a mené l’enquête, en partenariat avec l’Agefiph, le FIPHFP et la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie.
Les nouvelles opportunités créées par le télétravail
Si la pratique du télétravail reste encore minoritaire (29% des actifs déclarent le pratiquer au moins un jour par semaine selon le sondage Ipsos-Sopra Steria réalisé pour le Parisien), elle est néanmoins en très nette progression (17% avant la pandémie). Un nouveau fonctionnement qui semble plaire puisque selon le même sondage, 64% des actifs souhaiteraient qu’il se développe davantage.
Cet engouement peut s’expliquer par les nouvelles opportunités qu’ouvre cette pratique en termes d’autonomie, de bien-être, de maintien dans l’emploi ou d’évolution professionnelle, notamment pour les personnes en situation de handicap. Travailler de chez soi signifie bénéficier d’un environnement plus familier, parfois plus calme, facilitant la concentration et diminuant la fatigue et le stress. Ce fonctionnement flexible permet d'adapter ses activités à son rythme et de concilier activité professionnelle et suivi des soins, en facilitant notamment la prise de rendez-vous médicaux. Les bénéfices du télétravail se retrouvent également dans la réduction des déplacements et du temps de trajet domicile-travail qui permet de limiter la fatigue et le risque d’accident.
Par ailleurs, pour certaines personnes présentant un trouble du spectre de l’autisme ou un déficit de l’attention, les interactions sociales et les sollicitations sensorielles, au bureau et en déplacement peuvent être sources de fatigue et de maux physiques.
Enfin, on remarque que l’utilisation d’outils numériques, lorsqu’ils sont adaptés, peut faciliter les modalités de communication par exemple en privilégiant la projection de supports écrits en parallèle d’une présentation orale ou en donnant accès aux enregistrements vidéo ou écrit de réunions.
Accédez au rapport « Regards croisés sur le télétravail de personnes en situation de handicap » en version word ou version pdf
Prévenir les risques liés au télétravail
Seulement, la mise en place du télétravail peut engendrer des risques physiques ou psychologiques qui nécessitent donc d’être attentif aux conditions de travail et aux besoins des personnes, en tenant compte de leur singularité et en ouvrant le dialogue avec eux.
Comment prévenir ces risques ?
- En prévoyant une installation adaptée (l’équipement et son bon positionnement, le lieu)
- En maintenant le lien avec l’équipe (alternance entre télétravail et présentiel, points réguliers et temps de convivialité, outils adéquats pour permettre la participation de tous à distance)
- En formant et sensibilisant les managers et les équipes aux risques liés au télétravail
- En limitant le temps de travail (convenir des heures durant lesquelles être joignables, prévoir temps de pause réguliers sans écran, sans sollicitation sonore et debout hors du poste de travail, proposer des outils de gestion du temps de travail)
Télétravailler en situation de handicap
Le recueil de principes partagés a été élaboré avec des personnes en situation de handicap et des professionnels de l’accompagnement mais il ne dispense pas d’une approche personnalisée : la personne concernée est la mieux placée pour exprimer ses besoins et les solutions adaptées. Les fiches proposées permettent de mettre en exergue des points de vigilance ou d’apporter des exemples de bonnes pratiques pour différentes situations comme un handicap auditif ou visuel, un trouble de neurodéveloppement, une déficience intellectuelle, une maladie chronique invalidante, un trouble psychique, une difficulté cognitive ou un handicap moteur.
Comment adapter ses pratiques ? L’exemple de la visioconférence
L’accès aux échanges en visioconférence peut être plus difficile pour les personnes sourdes ou malentendantes car l’accès aux informations visuelles (lecture labiale, expressions faciales et posture) nécessite beaucoup de concentration, d’énergie et dépend des conditions de la visioconférence (qualité de l’image, connexion, nombre de personnes, efforts des interlocuteurs, etc.) et que les sous-titrages automatiques ne sont pas toujours fiables.
C'est pourquoi avant une visioconférence, il est nécessaire d’anticiper les besoins pour préparer la réunion ; par exemple en invitant les participants à communiquer des besoins spécifiques auprès d’une adresse mail mentionnée sous le formulaire d’inscription. Il est préférable de privilégier l’utilisation de supports visuels communiqués en amont à tous les participants, et que la caméra de l’interlocuteur soit allumée. Pour faciliter la compréhension plusieurs procédés peuvent être mis en place : les micros coupés pour les personnes non-intervenantes, l’action de lever la main pour prendre la parole ou l’accès à une messagerie instantanée. En cas de réunions longues, des pauses toutes les heures peuvent permettre de réduire la fatigabilité.
Par ailleurs il existe des outils favorisant une communication adaptée comme les solutions de transcription automatiques proposées par certains outils de visioconférence et il est également possible de faire intervenir des professionnels : interprète en langue des signes française, codeur en Langue française Parlée Complétée ou technicien de l’écrit.